Votre adolescent suce encore son pouce ? Vous trouvez qu’il est trop grand pour agir ainsi ? Vous avez peur que cela nuise à sa dentition ? Découvrez les conseils de notre pédiatre !
M. a posé la question suivante :
« Bonjour, je viens vers vous car ma fille de 12 ans suce encore son pouce quant elle est fatiguée. Le dentiste a dit que ce n’était pas bon pour ces dents. En plus elle est un peu grande pour cela. Mais rien n’y fait, même si je la reprend c’est comme un atomatisme. Que faire pour l’empêcher de sucer son pouce ? Merci d’avance »
Voici la réponse de la pédiatre :
Pourquoi les enfants sucent-ils leur pouce ?
On sait grâce aux images échographiques que la succion est efficace vers la 12ème semaine de vie intra-utérine, le fœtus suce son pouce et c’est un bon marqueur de sa maturation physiologique.
A la naissance, la succion est un acte réflexe et tout contact avec la bouche de bébé déclenche une succion. Le programme succion-déglutition est opérationnel à la naissance et sucer permet de se nourrir mais aussi de donner du plaisir, du confort, du réconfort et procure un sentiment de sécurité.
Vers trois mois, le bébé est capable de retrouver son pouce et c’est l’ébauche d’un acte volontaire. Trois bébés sur quatre sucent leur pouce vers deux ans et cette habitude disparaît en général vers quatre ans.
Pourquoi les enfants continuent-ils de sucer leur pouce ?
Les enfants ne sont que un sur dix à l’âge de cinq ans à sucer encore leur pouce. Cette activité s’observe quand l’enfant s’endort, s’ennuie, attend, est fatigué, anxieux ou triste, etc. On interprète souvent la persistance de la succion du pouce comme une réaction à une frustration ressentie par l’enfant (sevrage précoce, naissance d’un autre enfant, reprise du travail de la mère, etc.)
Après cinq ans, la succion du pouce marque un attachement à des positions infantiles. La grande majorité s’arrête autour de l’adolescence mais quelques adultes continuent, en cachette…
Sucer son pouce est-il néfaste pour la dentition ?
Ce n’est qu’à la fin du 19ème siècle que l’on s’intéresse à la succion du pouce. Ce sont les orthodontistes qui ont dénoncé les conséquences néfastes sur les dents de ce comportement. En fait, on sait maintenant qu’il ne s’agit que d’un des facteurs responsables des malpositions dentaires.
Comment aider votre enfant à arrêter de sucer son pouce, avant l’apparition des dents définitives ?
Expliquez à votre enfant que sa mâchoire et ses dents peuvent être déformées, que son pouce n’est pas propre et que sa succion augmente le risque d’infection. Si l’enfant est d’accord pour arrêter de sucer son pouce, on peut l’aider en occupant ses mains (avec une balle de mousse par exemple), en masquant son pouce avec un pansement, en raccourcissant si possible les moments « creux » où il recherche son pouce, etc.
Il faut avant tout l’encourager, ne pas se moquer de lui, savoir être discret et en parler à l’enseignant. Avec l’accord de votre enfant vous pouvez également essayer le vernis amer bio.
En cas d’échec, les conseils émanant d’une personne du monde médical (pédiatre ou orthodontiste) peuvent être d’une grande aide.
Surtout, n’employez pas la méthode forte mais aidez plutôt votre enfant à renoncer en douceur. Parfois, une thérapie comportementale est envisagée voire un autre type de thérapie (sophrologie par exemple). En effet, à l’adolescence ou à l’âge adulte il peut s’agir d’une véritable addiction, non grave, mais qui peut s’accompagner de stratégies stressantes et anxiogènes pour la cacher.
Docteur Salomon-Pomper, la Pédiatre
Le sujet vous intéresse ? Découvrez également :
• La tétine : pour ou contre ?
• Le cycle de la dentition, des dents de lait aux dents définitives
• L’orthodontie : conseils pour mieux l’appréhender
Nous attirons l’attention des lecteurs de notre blog sur le fait que ce service gratuit a ses limites : aucun examen clinique n’étant réalisé par notre pédiatre, les éléments fournis par les lecteurs étant par nature parcellaires, les réponses ne sauraient engager ni la responsabilité de l’éditeur de ce blog, ni la responsabilité de son auteur qui ne peut que recommander la consultation d’un professionnel de la santé pour le cas évoqué dans une question. En savoir plus…