Douleur de mon enfant : comment y faire face ?
Douleur de mon enfant : comment y faire face ?

Marie-Line a posé la question suivante :

Bonjour,
Mon bébé de 16 mois n’exprime pas de douleur lorsqu’elle se cogne la tête. Cela fait un moment que je remarque que lorsqu’elle perd l’équilibre et tombe avec son petit camion, par exemple, et bien elle ne m’appelait pas et restait à terre sans bouger. Je lui ai alors expliqué que lorsque ça lui arrive, elle doit me le faire savoir en m’appelant. Bien sûr le bruit m’alerte, je suis toujours à côté d’elle, mais si je ne me retourne pas, je ne le sais pas. Depuis, elle a bien compris qu’elle doit me le dire, par contre lorsqu’elle se cogne la tête, j’ai l’impression qu’elle ne ressent rien. Cela arrive de plus en plus souvent car elle commence à se tenir debout, sans marcher seule pour autant. 
J’ai pris l’habitude de ne pas m’affoler lorsqu’elle tombe pour ne pas lui faire peur, est-ce que cela peut jouer ? Mais normalement elle devrait avoir des pleurs de douleurs parfois…. Par contre, elle s’est déjà fait mal au doigt et là elle a pleuré de douleur.
Merci d’avance pour votre réponse, car je ne sais pas s’il faut que je consulte ou pas.

Voici la réponse de la pédiatre :

Cette intéressante question permet d’évoquer la douleur chez l’enfant ; La douleur est une expérience émotionnelle et sensorielle désagréable, c’est une perception subjective et individuelle liée à une lésion tissulaire existante ou potentielle.

La reconnaissance de l’existence de la douleur chez l’enfant dès la naissance n’a pas toujours été une évidence. Il fallait connaître les mécanismes physiologiques neurologiques et se poser la question de la mémorisation de l’expérience douloureuse. Le nouveau-né sent la douleur et y répond. Il faut la reconnaître car elle ne fait pas appel forcément aux mêmes codes d’expression. Face à la variabilité d’expression de la douleur, il faut l’objectiver et l’évaluer. A partir de trois quatre ans l’enfant peut préciser sur une échelle verbale, s’il a mal, pas du tout mal, un peu mal, moyennement ou beaucoup.

En période d’apprentissage de la marche, votre fille fait l’expérience des chutes de sa hauteur. Elles sont très exceptionnellement graves. Il faut veiller à ne pas laisser traîner sur le sol des objets sur lesquels elle pourrait se blesser, attention aux arêtes des tables basses. Il n’y a pas de lésion tissulaire importante lors d’un traumatisme crânien banal qui nécessite juste une surveillance de l’enfant durant deux à trois jours et pas de radio systématique. La douleur est moins vive que dans le cas d’un traumatisme d’un doigt, aux nombreuses terminaisons nerveuses.

Votre fille de seize mois réagit calmement lorsqu’elle se cogne, elle reste allongée, ne dit rien, elle est probablement sous le choc, expérimentant ces nouvelles impressions. Vous savez rester calme et cela l’incite à faire de même.

Pour des traumatismes d’intensité équivalente, les enfants réagissent très différemment : certains sont  » durs au mal », se relèvent et poursuivent leurs activités (surtout si personne ne souligne qu’ ils ont eu très mal…), d’autres hurlent en cherchant leur mère des yeux et redoublent de larmes en la voyant arriver affolée…

Je ne peux que vous conseiller de rester attentive et sécurisante comme vous l’êtes, d’être là et à la bonne distance. Et bravo aussi de lui apprendre à verbaliser ce qu’elle ressent, ce qu’elle attend de vous et ainsi de lui apprendre à mettre des mots sur ses maux.

Note : David Lebreton, anthropologue écrit:
La part des autres est particulièrement malaisée à définir dans l’expérience que l’individu fait de la douleur, mais elle n’existe pas moins. Les voies d’apprentissage relèvent de l’alchimie des relations sociales et affectives tissées autour de l’enfant et des valeurs qui s’imposent à lui… »

Docteur Salomon-Pomper, la Pédiatre

 

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2 commentaires

  1. Un grand merci au pédiatre qui a pris le temps de répondre à ma question !

    Ayant entendu parler d’insensibilité congénitale, je me demandais si cela pouvait exister sur une seule partie du corps. Ou est-ce obligatoirement une maladie qui atteint le corps entier, sans exception.

    Ceci dit, depuis que j’ai expliqué à ma petite de me dire lorsqu’elle fait « boum », elle a bien compris et m’en fait part à chaque fois et me montre l’endroit ou elle s’est fait mal. A la tête, toujours pas de larmes ni de pleurs, mais elle y met des mots.

    Merci !!

    • Bonjour Marie-Line,
      L’insensibilité congénitale à la douleur est une maladie très rare, caractérisée par une incapacité à percevoir la douleur mais avec conservation des autres sensations. Le diagnostic est posé dès la petite enfance devant des lésions des lèvres et de la langue par morsure, des anomalies morphologiques articulaires notamment aux membres inférieurs, une instabilité articulaire par rupture ou laxité ligamentaire, des lésions osseuses nombreuses, des infections, des corps étrangers cutanés ou cornéens méconnus.
      Ceci devrait vous rassurer car il me semble que si de tels symptômes s’étaient déclarés chez votre petite fille vous l’auriez signifié dans votre question. Elle apprend à s’exprimer par les mots grâce à votre calme et vos encouragements, continuez ainsi ! 🙂
      Nous vous souhaitons à toutes les deux une belle continuation.

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