L'anémie ferriprive, fréquente chez le nourrisson et l'enfant
L’anémie ferriprive, fréquente chez le nourrisson et l’enfant

Isabelle D. a posé la question suivante :

Bonjour,
Mes jumeaux ont 24 mois. Ils ont suivi un traitement à l’âge de 12 mois pour une carence importante en fer et aujourd’hui à 24 mois ils présentent une nouvelle carence en fer (moindre mais importante quand même : 4,08 umol/L au lieu de 11,57 minimum).
Une récidive est-elle normale et cela nécessite-t-il un traitement régulier ? A quel âge peut-on espérer une réserve en fer normale ?
Merci de votre réponse.

Voici la réponse de la pédiatre : 

Une anémie se définit comme une diminution de la concentration en hémoglobine par volume de sang. L’anémie ferriprive est une anémie liée à une carence en fer ou carence martiale.

Les signes cliniques sont la pâleur de la peau et des muqueuses, l’asthénie, la tachycardie, les infections ORL à répétition, voire à long terme un retentissement négatif sur le développement psychomoteur, les fonctions cognitives et le comportement.

Le diagnostic biologique d’une anémie par carence en fer se mesure par :

  • Le dosage de l’hémoglobine au-dessous de 11g/dl
  • Une carence en fer < 10mmol/l
  • Une ferritine (reflet des réserves en fer de l’organisme) <10mg/l

Pourquoi l’anémie ferriprive est-elle fréquente chez le nourrisson?

Il y a à cela trois raisons :

1 – par réduction du capital ferrique à la naissance

Les stocks de fer du fœtus se constituent essentiellement pendant le dernier trimestre de la grossesse et à moins d’être très importants, la carence en fer de la mère ne compromet pas la constitution des stocks du nouveau-né. Le prématuré, les jumeaux sont particulièrement concernés

2 – par accroissement des besoins

Par exemple chez les prématurés et les hypotrophes (enfants de petit poids pour leur terme) ce qui est fréquent en cas de gémellité,

3 – par insuffisance d’apports et troubles de l’absorption du fer :

Une carence d’apport en fer alimentaire par régime lacté maternel exclusif prolongé au-delà de six mois.

Pour toutes ces raisons, on « supplémente » en fer les bébés à risque d’anémie ferriprive : les prématurés, hypotrophes, jumeaux ainsi que les bébés nourris au sein exclusivement plusieurs mois (le lait humain est en effet pauvre en fer). Le traitement préventif des enfants à risque se fera par 2 à 4 mg/kg/jour de fer médicinal à partir de l’âge de un mois et pendant plusieurs mois.

Il est souhaitable de donner des laits infantiles « supplémentés » en fer jusqu’à l’âge de dix mois à un an. L’introduction des légumes est conseillée entre quatre et six mois, certains étant particulièrement riches en fer : les épinards bien sûr mais aussi le fenouil, l’oseille, le persil, les petits pois, les brocolis, l’artichaut… La diversification doit introduire vers six mois un peu de viande ou de poisson ou des céréales enrichies en fer.

Les enfants à risque sont les prématurés, petits poids de naissance, jumeaux mais aussi les enfants de milieu à niveau socio économique faible, ceux ayant eu un arrêt précoce des laits infantiles, les gros buveurs de lait de vache de moins de un an. Cet apport en fer médicinal peut être poursuivi si besoin à l’âge scolaire. Il faut évidemment s’assurer qu’il n’y a pas de pertes sanguines par saignement chronique.

Vous avez compris que vos jumeaux se situent dans cette population d’enfants à risque d’anémie ferriprive et qu’il faut continuer à leur apporter par la nourriture et le fer médicinal, les doses de fer nécessaires, sans crainte de surdosage.

C’est évidemment votre médecin qui suivra cette anémie et demandera d’autres investigations s’il le juge nécessaire.

Docteur Salomon-Pomper, la Pédiatre

 

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